Leandro Guffanti
“La musique de Leandro Guffanti est habitée par le folcklore de l'Argentine, son pays, l'influence du jazz mais aussi par ses explorations de cet immense continent qu'on appelle world music. Mais au-delà des questions de géographie et d'étiquette, les compositions de Leandro Guffanti valent surtout pour l'expressivité de son jeu, des moments mélodiques et harmoniques qui au premier abord semblent venir d'un univers sonore connu, mais qui en réalité s'approchent d'autres univers, étranges, nouveaux, authentiques qui n'appartiennent qu'à lui.” Nicolas Tolcachier
Leandro Guffanti est né en 1967 à Buenos Aires. À six mois, il décolle pour La Havane où ses parents décident de rejoindre la révolution castriste. Son père danse au ballet national de Cuba, sa mère est actrice. De ce premier exil, il ne reste aujourd'hui que des souvenirs fugaces : la mer, le jardin d'enfants, la chaleur et la musique, omniprésente, son seul pays en définitive.
Ses parents se séparent. Il rentre en Argentine avec sa mère. Retour à Gualeguay, province d'Entre Rios, la Mésopotamie argentine. C'est un endroit à l'écart du temps, enclavé entre deux fleuves puissants, le Parana et l'Uruguay. C'est une terre généreuse comme les hommes et les femmes qui y vivent. Ici, on court pieds nus dans les rues, on se baigne dans des eaux boueuses, on partage le maté, et la musique : le chamamé. A 9 ans, c'est encore un départ. Direction Buenos Aires.
L'été de ses 15 ans, il retrouve son père en Italie qui lui offre son premier saxophone. De retour en Argentine, on le lui vole... C'en est fini de la musique. Deux ans plus tard, il obtient son diplôme de maître d'œuvre et se destine à une carrière d'architecte.
C'est alors que son père lui propose de le rejoindre en Europe. C'est donc à Rome qu'il commence véritablement ses études de musique, à l'école populaire de Testaccio. Ce sont des années décisives : il découvre le jazz, et Massimo Urbani, Bob Berg, et Steve Grosman lui tracent la voient à suivre. Dès lors il ne lâchera plus jamais son instrument.
C'est au conservatoire d'Amsterdam qu'il décide de parfaire sa formation musicale. Il a 23 ans. Il cumule petits boulots, conservatoire et jams. Il a déjà vécu dans quatre pays et parle cinq langues. Mais il est aussi rattrapé par une réalité : il est sud-américain et son passeport italien ne change rien à l'affaire. C'est à ce moment-là qu'il comprend qu'il est exilé, immigré, il n'aura de cesse de renouer avec ses racines.
Paris lui offre cette chance. Il débarque dans la capitale en 1994. La salsa bat son plein. Très vite Leandro rejoint la formation du pianiste cubain Alfredo Rodriguez, il joue avec Orlando Poleo, Angà Diaz, Raúl Paz et rencontre Minino Garay. Cette rencontre est un tournant car il retrouve une famille musicale et de cœur. Depuis Leandro a fait de la France son pays d'adoption et c'est ici qu'il a mûri une musique qui ressemble à ce parcours riche et singulier.
En parallèle, il mène une carrière de sideman aux côtés de Cheb Khaled et de Julieta Venegas, deux d'artistes qui comme lui sont au carrefour de plusieurs cultures.
En 2008, il décide de retourner vivre en Argentine pour faire connaître à ses enfants son pays. Renouer avec son pays, avec son histoire, c'est aussi renouer avec des musiciens. Reprendre le fil d'une histoire interrompue vingt ans auparavant. Il monte alors un quartet qui joue puis enregistre à Buenos Aires. C'est de cette expérience de vie très forte qu'est née son premier album, Once.
Crédit photo : Mario Guerra