Michael Brecker
Michael Brecker a sans doute été le ténor le plus influent de l'après-Coltrane. En intégrant des éléments funk et pop à l'héritage Coltranien, il a ouvert la voie à une nouvelle génération de saxophonistes.
"Son jeu au saxophone a établi une nouvelle référence pour le jazz, le R&B et la pop." Bob Mintzer
Né en 1949 à Philadelphia (Pennsylvanie), Michael Brecker est plongé dès le plus jeune âge dans l'univers du jazz par son père, pianiste amateur. Il apprend la clarinette et le saxophone alto, avant d'opter pour le ténor sous l'influence de la musique de John Coltrane.
En 1969, il part pour New York. Il est d'abord membre du groupe de jazz-rock Dreams avec son frère Randy, trompettiste, puis il collabore avec Horace Silver et Billy Cobham. En 1974, les frères Brecker créent la surprise en formant le groupe qui portera l'étendard de la fusion jazz-funk dans les années 1970 : les Brecker Brothers. Leur musique hautement énergisante est épicée de mises en place redoutables et d'une virtuosité ébouriffante. Un cocktail survitaminé qui deviendra la signature des frères Brecker mais dans lequel, cependant, ils éviteront de s'enfermer en revenant vers des formules plus acoustiques quelques années plus tard.
Dans les années 1970 et 1980, l'étendard fusion présente bien des avantages puisqu'il leur permet d'endosser une multitude de costumes, ce qui offre à Michael l'opportunité de jouer, en studio ou sur scène, avec un nombre incroyable de stars : Chick Corea, George Benson, Joni Mitchell, Paul Simon, Franck Sinatra, Herbie Hancock, Bruce Springsteen, Steely Dan, Dire Straits...
En parallèle, les deux frères animent une jam session dans le fameux club de Manhattan dont ils sont également propriétaires, le Seventh Avenue South. C'est à cette occasion qu'en jammant avec Mike Mainieri (vibraphone), Eddie Gomez (basse) et Steve Gadd (batterie), Michael décide de former l'un des groupes les plus populaires des années 1980 : Steps Ahead (dans lequel le batteur Steve Gadd laissera sa place un peu plus tard à Peter Erskine).
Malgré ces réussites incontestables, il faut attendre 1987 pour pouvoir écouter le premier opus solo du saxophoniste. Sobrement intitulé Michael Brecker, ce disque est élu meilleur album de l'année par le magazine Downbeat.
Les années 1990 seront fertiles avec la reformation des Brecker Brothers en 1992, matérialisée par deux albums (Return of the Brecker Brothers et Out of the Loop). Mais Michael travaille essentiellement dans une direction plus personnelle, soit en collaborant avec des jazzmen de premier plan dont notamment les pianistes Herbie Hancock et McCoy Tyner, soit en enregistrant ses propres albums. En 2002, il rend hommage à l'œuvre de Miles Davis et John Coltrane, deux influences majeures, en enregistrant un album live à Toronto avec Herbie Hancock et Roy Hargrove. L'un de ses derniers projets sera particulièrement ambitieux puisqu'il réunit un ensemble de 15 musiciens dont la composition est plutôt originale (cordes, hautbois, clarinette...). C'est avec ce quindectet qu'il enregistre l'album Wide Angles en 2003, peu avant que les premiers symptômes de la leucémie le contraignent à mettre sa carrière entre parenthèses. Parenthèse qui se refermera tragiquement avec son décès en 2007.
Crédit photo : Jos L. Knaepen