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The Sound and me #08 avec Tim McAllister

The Sound and me #08 avec Tim McAllister
Dans ce nouvel épisode passionnant, le saxophoniste américain Tim McAllister nous parle de la collaboration avec les compositeurs, d'une possible distinction entre 'son vintage' et 'son moderne', des expériences de vie qui transforment le son...


Travailler avec des compositeurs

« On peut se poser cette question à propos du son : Quel est le désir du compositeur ?

Bien sûr, la notation de la musique, pour la musique classique occidentale, cette notation est presque trop simple. Il n'y a pas assez d'informations, ce que vous voyez sur la page ne suffit pas. Cela nécessite une profonde compréhension du style de ce compositeur ou du genre, mais également de ce qu'ils ont entendu, quelle a été leur expérience avec le saxophone ou tout autre instrument, quelles sont leurs idées générales.

L'un des grands avantages à travailler avec des compositeurs, c'est que nous pouvons vraiment apprendre ce qu'ils entendent, ce qu'ils ont dans leur tête. Nous apprenons de leurs expériences et nous le traduisons. Il y a quelque part un point de rencontre où nous traduisons ce qu'ils pensent, ce qu'ils entendent. Et j'espère qu'ils nous permettent en tant qu'artiste de les rencontrer et de trouver notre propre identité avec un morceau de musique. Parfois un compositeur dira: "Voilà le son que je veux ! Votre son peut-il être plus brillant ? Votre son peut-il être plus sombre ? Pouvez-vous supprimer le vibrato ? Pouvez-vous ajouter du vibrato ? Pouvez-vous apporter plus d'intensité dans le son ? Pouvez-vous penser davantage au phrasé et à la tension ?». La plupart du temps ils vont nous guider parce que la notation n'est pas toujours claire

 

Un son unique

« En définitive, il faut que nous ayons notre propre cheminement. Le son que nous produisons est unique pour chaque personne. Il existe des possibilités sonores pour chaque musicien dans le monde. C'est peut-être l'un des grands avantages: nous ne pouvons pas et que nous n'avons pas à avoir le même son que tout le monde. Notre son peut être tout à fait personnel pourvu que nous opérions dans le cadre d'une tradition. Cela a du sens sur un plan académique ou intellectuel ou encore sur un plan esthétique. Il est logique que nous rentrions dans ce cadre, mais avec certains répertoires ou certains compositeurs, nous sommes mis au défi de sortir de ce cadre. Et cela devient, là encore, quelque chose d'impossible à transcrire ou écrire. Il n'existe pas de manuel, il n'existe pas de méthodologie pour vous former à la prochaine œuvre

 

Sortir de sa zone de confort

« Si vous travaillez avec certains chefs dans un orchestre, un chef peut dire : "Moins de saxophone, plus de fusion, harmonisez-vous avec le chœur des instruments à vents», « Pas d'expression, pas trop émotionnel" ou encore "Moins romantique". Et d'autres chefs vous diront l'inverse. Ils diront : "Il faut que votre son ait plus de bravura" "On doit vous entendre davantage."

Le chef peut exiger qu'en tant que professionnel vous sortiez de l'élément dans lequel vous êtes à l'aise. Peut-être qu'il ne vous est pas aisé de jouer avec plus de vibrato, et si l'on vous demande de le faire il faut que cela soit authentique et véritable, que cela ait du sens.»

 

Un son qui évolue

« Lorsque vous avancez dans la profession, vos idées changent, vous recevez de plus en plus d'influences, vivez de plus en plus d'expériences… La vie que nous menons transforme notre son.

Je pense que mon son a changé à la naissance de ma fille. Je pense que mon son a changé lorsque je me suis marié. Je pense que mon son a changé lorsque j'ai commencé à enseigner à beaucoup d'élèves, puis lorsque je me suis mis à réfléchir à ce que je pouvais apporter de plus à mon enseignement. Je pense que ma profonde amitié avec certains des plus grands saxophonistes au monde a changé mon son. J'adore cette idée.

Je pense qu'en vieillissant nous commençons à perdre l'ouïe, et que cela modifie notre son. Je pense qu'en vieillissant, notre structure musculaire et squeletto-faciale se modifie légèrement. Je pense que cela modifie notre son également. Si nous en sommes conscients, nous pouvons nous adapter avec le matériel, qui a évolué lui aussi. Les becs ou les anches ne sont plus ceux d'il y a 50 ans. L'acoustique du saxophone s'est améliorée depuis 20 ans. Et je pense que si c'est un changement très graduel, la variété et la diversité des instruments, des modèles et des marques, tout cela nous permet de modifier notre conception

 

Assigner un instrument à un répertoire

« Je pense à une question intéressante : Avons-nous atteint un point dans notre profession, où il existe quelque chose comme un son vintage, quelque chose de très ancien? Et si c'est le cas, voulons-nous jouer un instrument ancien lorsque nous jouons de la musique de cette époque? Voulons-nous attribuer cela à un type de bec et d'anche ou à une perce d'instrument, ou bien voulons-nous attribuer cela au répertoire ? Faut-il jouer Singelée sur un saxophone de la fin du 19e siècle? Devons-nous jouer Jacques Ibert sur un "Balanced Action" ou un "Mark VI" ? Devons-nous jouer la musique contemporaine uniquement sur un "Série III" ?

Ce sont des questions intéressantes. Certains veulent essayer cela, mais je pense que le plus grand défi c'est d'être capable de faire tout cela sur le même instrument, sur le même bec, sans changer l'anche et de s'assurer que le son vienne de l'intérieur. C'est une production et une combinaison de l'embouchure, de la cavité, de la production d'air, et de ce que vous avez dans l'oreille. C'est le plus grand défi.»

 

 

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