Ghetto Classics, l'orchestre qui change la vie du bidonville
Changer la vie des jeunes à travers la musique
Korogocho, au nord-est de Nairobi, est l'un des plus vastes bidonvilles du Kenya. Plus de 200 000 personnes y vivent dans une extrême précarité et de nombreux enfants sont confrontés à la déscolarisation et à la violence.
C’est dans ce quartier qu’Elizabeth Njoroge a lancé en 2009 le projet Ghetto Classics, offrant aux jeunes l’opportunité d’étudier la musique et de jouer en orchestre.
Grâce à la discipline de la pratique instrumentale, les enfants acquièrent de nombreuses aptitudes et bénéficient d'autres possibilités de revenus et d'une assistance sociale, ce qui profite à leurs familles et à la communauté. Certains sont ensuite eux-mêmes embauchés par Ghetto Classics en tant que professeurs, d'autres intègrent même des orchestres professionnels.
En plus des bienfaits musicaux évidents, les enfants qui suivent le programme réussissent globalement mieux à l’école et deviennent des références morales pour les autres jeunes du quartier.
« Lorsqu'ils jouent, ils peuvent s'échapper et, pendant un moment, ils sont loin de l'obscurité qui les entoure lorsqu'ils rentrent chez eux. J'ai vu de mes propres yeux comment la musique peut changer quelqu'un, lui donner de l'espoir. » confie Elisabeth Njoroge.
Fort de son succès, le programme a été développé dans 10 zones satellites autour de Nairobi, Kiambu et Mombasa, et profite aujourd’hui à plus de 1500 enfants.
La place des instruments à vent
Saxophoniste de jazz basé à Bruxelles, Toine Thys est très présent en Afrique. Investi dans plusieurs projets visant à développer la pratique musicale, il a lui-même co-fondé en 2015 une école au Burkina Faso avec le trompettiste Laurent Blondiau : Les Ventistes du Faso. |
« On a fait plusieurs tournées au Burkina Faso, lors desquelles on organisait spontanément des workshops de trompette et saxophone car les gens voulaient tous en jouer ! Il y a un manque cruel d’instruments à vent là-bas, les Ventistes sont mal équipés, isolés et en manque de connaissances. On a donc monté une école basée sur la demande locale.»
En 2019, il se rend à Nairobi pour jouer dans un festival organisé en partenariat avec Ghetto Classics. Il en profite pour visiter l’école montée par Elisabeth Njoroge ; c’est une révélation. Le musicien rejoint alors lui-même l'aventure.
« Dès qu'on entre dans ce bâtiment, on sent une bienveillance, une vraie soif d’apprendre et de passer des moments ensemble dans un espace pacifié. C’est aussi une école très structurée, avec une organisation carrée, de la discipline. Les élèves ne deviennent pas tous musiciens professionnels, bien sûr, mais ils sont plus nombreux à accéder à l’université, grâce à la pratique de la musique classique, et par l’équilibre et la confiance que cela leur apporte. »
Le Ghetto Classics Orchestra a donc un fort impact sur la vie du bidonville et permet d'élargir l'horizon de ces jeunes. L’ensemble musical se fait d'ailleurs de plus en plus célèbre : il a déjà joué pour le président du Kenya, Uhuru Kenyatta, le pape François ou encore pour Barack Obama.
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