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The Sound and me #16 avec Miguel Zenón

The Sound and me #16 avec Miguel Zenón
Plusieurs fois récompensé aux Grammy Awards et boursier de la très convoitée bourse MacArthur, Miguel Zenón est considéré comme l'un des saxophonistes les plus novateurs et les plus influents de sa génération.

Priorité numéro un

J'ai une façon toute particulière de penser au son, qui s'est développée au fil du temps. Je n'y avais pas vraiment pensé ainsi au début de mon parcours, mais c'est vraiment devenu ma priorité numéro un, ces deux dernières décennies. Dès mes 20 ans, quand j'allais à l'école et que j'étais en quelque sorte en formation, je passais beaucoup de temps sur l'instrument, à travailler la technique. Et quand j'ai commencé à jouer du jazz, j'ai travaillé la créativité, le langage et beaucoup d'autres choses. Et ce n'est que lorsque j'ai fini l'université que j'ai commencé à penser sérieusement à ce que signifiait être capable de produire un son de qualité et ce que cela impliquait. Depuis lors, c'est vraiment la toute première chose sur laquelle je travaille.

Apprendre à utiliser son corps

Quand je pense au son, je le décompose en deux parties. Il y a l'aspect physique du son, la façon dont nous utilisons notre corps pour produire le son. Dans le cas du saxophone, il nous faut apprendre à utiliser certaines parties très spécifiques de notre corps, comme le diaphragme, les poumons ou la cavité buccale, car nous n'utilisons pas notre diaphragme ou notre cavité buccale dans des activités quotidiennes. Ces éléments sont combinés de manière très spécifique, en tout cas en ce qui me concerne, pour jouer du saxophone. Donc, je dois être capable de comprendre comment certaines choses sont ressenties, comment faire réagir certaines parties du corps à certaines situations, pour être capable de produire un son de qualité. Et cela m'a pris un certain temps pour comprendre ça, mais aujourd'hui, une grand part de ma pratique consiste essentiellement à me maintenir en forme, rester en forme afin que je puisse répondre à l'instrument et que l'instrument pour ainsi dire ne me retienne pas.

Le genre de personnalité que je cherche

L'autre aspect du son, c'est bien sûr la personnalité. La personnalité, c'est tout ce qui a trait au timbre, à l'articulation, à la nuance, à l'attaque, au vibrato, tous ces petits détails qui font qu'un son a de la personnalité. J'ai vraiment l'impression que ces deux choses doivent en quelque sorte aller de pair, mais vous ne pouvez pas vraiment avoir un son personnel si l'aspect physique du son n'est pas pris en considération. Je pourrais réfléchir à la façon dont je veux que mon son soit produit et le genre de personnalité que je recherche, mais si je ne suis pas capable de contrôler les éléments essentiels sur la façon de produire ce son physiquement, cela va être très difficile pour moi d'atteindre cette personnalité. Donc quand j'en parle habituellement, j'insiste vraiment en disant : assurez-vous que la partie physique est prise en considération. Et puis l'aspect personnalité viendra naturellement en écoutant et en nourrissant le son avec vos influences et ce que vous aimez.

Si vous vous sentez mieux, vous jouez mieux

Nous passons tous par des périodes de culte des héros et d'imitation des artistes que nous aimons et c'est ce qui influence en partie notre son. Mais il est impossible que deux personnes aient le même son, même si elles jouent le même instrument, le même bec. C'est vraiment comme si nous avions tous quelque chose de très spécifique que nous pouvons produire et ce que nous essayons vraiment de faire c'est de le personnaliser et de le rendre aussi bon que possible.

Et ceci étant dit, je crois vraiment que cela a davantage à voir avec le confort qu'avec le son de manière spécifique. Je pense que vous pouvez trouver un grand saxophoniste comme Charlie Parker ou Cannonball ou Sony Rollins ou tant d'autres qui ont des sons incroyables et les faire jouer différents saxophones et vous pourriez remarquer des petites nuances, mais le son sera le même, parce que le son c'est vraiment eux. La raison pour laquelle ils ont décidé de jouer un sax plutôt qu'un autre, c'est juste pour se sentir plus à l'aise, et si vous vous sentez mieux, vous jouez mieux. Ça fonctionne comme ça. Donc dans mon cas, j'essaie vraiment de trouver ce qui, en termes d'équipement, me fait me sentir à l'aise, me fait sentir que je peux exprimer ma personnalité et être qui je suis, et ça va me faire me sentir mieux et, j'espère, jouer mieux et avoir un meilleur son.

Quelque chose qui vous est propre

Je pense que souvent on considère comme acquis la puissance qu'on peut obtenir en tant qu'interprète et en tant qu'artiste en arrivant à un point où l'on peut développer quelque chose qui nous est propre et que quelqu'un peut identifier comme tel.

Quand nous entendons John Coltrane jouer une note ou Miles Davis jouer une note, il y a là une puissance très spécifique et c'est quelque chose que moi-même et tous les musiciens devraient s'efforcer d'atteindre, c'est un peu comme l'ultime accomplissement auquel nous pouvons aspirer en termes de production sonore. Être capable de produire quelque chose de qualité, mais aussi qui peut être immédiatement identifiable comme quelque chose qui vous est propre et à personne d'autre que vous. Cela pourrait être influencé par beaucoup de choses, par d'autres saxophonistes ou par votre expérience ou la musique que vous écoutez ou quoi qu'il se passe dans votre vie. Mais en fin de compte, avoir son propre son, un son que les gens peuvent reconnaître, devrait être l'accomplissement ultime.

 

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