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The Sound and me #14 avec Géraldine Laurent

The Sound and me #14 avec Géraldine Laurent
Récompensée aux Victoires du Jazz 2020 pour son album Cooking, la saxophoniste française Géraldine Laurent s'interroge sur son rapport au son...

La question de l'oreille interne

« Mes références de son par rapport à l'instrument ont été finalement beaucoup modelées par le saxophone, mais aussi par d'autres instruments, par la trompette, par les trompettistes de jazz et par les chanteuses et chanteurs, mais surtout les chanteuses de jazz et notamment Ella Fitzgerald, parce que je trouve qu'il y a une pureté dans le son... C'est comme s'il n'y avait aucune barrière entre son inconscient et ce qui sort de son corps avec une justesse incroyable.

Et puis, de toute façon, le son que l'on va sortir, c'est la question de l'oreille interne, c'est à dire qu'on a déjà un maximum de références, et l'instrument va juste permettre de ressortir ce qui est finalement déjà conceptualisé intérieurement.»

Un son de ténor

« On m'a souvent dit que j'avais un peu un son de ténor à l'alto. Peut-être parce que j'ai écouté beaucoup plus de saxophonistes ténor qu'altistes... Mais en même temps, il y a quand même un certain équilibre... Peut-être parce que j'ai travaillé au saxophone plus les graves que les aigus - grave médium - mais ce sont des atmosphères de sons qui me plaisent énormément. Et finalement, j'aime bien ce mélange... Ce côté boisé, voilà, ce qui me rapproche du son c'est le côté un peu... Rond... Donc, avec l'apport des graves, évidemment, un peu ample, et puis, sans tension, sans pression pour vraiment qu'il y ait une espèce de clarté dans le son.»

Le vibrato

« Les premières années d'apprentissage, mon prof me disait toujours : "attention, ne fais pas de vibrato parce qu'en fait c'est plus facile de faire du vibrato que de ne pas en faire. Et finalement, est ce que ça ne va pas t'éloigner d'un certain son ? Imagine si tu parlais tout le temps avec du vibrato, ou si quand tu chantes, tu mettais du vibrato tout le temps. Est-ce que ce n'est pas, le vibrato, quelque chose qui va essayer de cacher peut-être une difficulté ou une peur de lancer quelque chose droit, sans fioritures ? Donc, essaye de 'lutter' pour ne pas faire du vibrato et que le son commence et se finisse."

Le vibrato va être important pour finir, parce que c'est la vibration, le son. Le vibrato forcément, c'est une fonction un peu naturelle, mais ce qui est très compliqué c'est de commencer - comme pour les phrases, comme quand on parle - c'est de commencer un son et de le finir. Ça, c'est effectivement la chose compliquée. Comment peut-on finir un son ? Moi, j'essaie de tendre à une certaine pureté mais parce que ce sont des références à la nature, et des références au chant justement. C'est à dire, un son doit commencer et doit se finir avec une espèce de... non pas de propreté, surtout pas, simplement quelque chose qui est entendu et entendable comme une fin à quelque chose, qui doit être aussi belle que le début, finalement.»

 

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