Maison SELMER

History Notes #08 : La production pendant la guerre

History Notes #08 : La production pendant la guerre
En 1939, à la veille de la seconde guerre mondiale, la Maison SELMER jouit d'un rayonnement international notamment grâce au succès du mythique Balanced Action dont les ventes ne cessent d'augmenter. Douglas Pipher vous explique la façon dont l'entreprise a pu poursuivre son activité, de façon très limitée, de 1939 à 1945...

En 1939, l'Allemagne, la France et l'Angleterre se sont déclaré la guerre. L'Allemagne a envahi la Pologne, mais c'est le 10 mai 1940 que les Allemands ont attaqué la Belgique et sont arrivés en France. Et le 14 juin 1940 Paris est tombée aux mains des Allemands.

On pourrait penser que la production se serait brusquement arrêtée, mais étonnamment, avec une capacité très réduite, Henri SELMER Paris a pu fabriquer des instruments de musique pendant la guerre.

Les années qui ont précédé la guerre, la production atteignait environ 2 000 instruments par an. Pendant la guerre, la production a continué pour atteindre environ 400 à 500 par an. La majeure partie de la production était des altos, pas de basses, très peu de barytons. Ce qui se comprend étant donné que trouver du laiton représentait un réel défi. Un grand nombre de ces instruments étaient de ceux qui auraient été des échantillons ou des exemples qui seraient restés à l'usine. Il y avait un nombre d'instruments que vous auriez imaginé être vendus à la fin des années 20, début des années 30 qui ont été vendus de 1940 à 1944.

L'une de mes histoires favorites : Henri SELMER Paris a vendu des instruments à des prisonniers de guerre britanniques et canadiens dans leurs camps. Les prisonniers commandaient, par l'intermédiaire de leur commandant, un instrument pour l'orchestre de la prison et Henri SELMER Paris le leur livrait et était payé par les officiers eux-mêmes.

Black keys

Une caractéristique souvent associée avec la production de guerre est l'apparition de nacres noires, plutôt que la vraie nacre, c'est du caoutchouc noir. Ce qui s'est produit c'est que l'approvisionnement des nacres a été interrompu durant la guerre, ils ont donc été à court. Peu de temps avant la Libération, ils ont été en rupture de clé de sol dièse, la clé ovale de sol dièse. En fait c'était la seule clé noire pendant la guerre. C'est à l'automne 1945 que la plupart des clés normales ont été remplacées par les noires et vers la fin 1946 et même quelques exemplaires ont été vendus début 1947, certaines de ces clés noires sont restées.

Pour les collectionneurs, il s'agit juste d'un autre point important. Si vous voyez un jeu de nacres qui sont noires, ce sont les clés d'origine. Si vous voyez un jeu de clés qui sont toutes noires excepté la clé Bis de Si bémol, la toute petite ; ils n'ont jamais été en rupture de celle-là, donc ils ne l'ont jamais faite en noir. Donc vous trouverez beaucoup de variantes des clés en nacre ou des clés noires. Il est possible qu'elles aient été remplacées, mais elles sont pratiquement toutes d'origine.

C'était pendant la production en temps de guerre, quand les chiffres étaient en baisse et probablement que certains des ouvriers avaient un peu plus de temps à leur disposition qu'ils ont commencé à étudier l'idée d'ajouter une clé de Fa dièse aigu. Les toutes premières clés de Fa dièse aigu sont apparues sur les altos Balanced Action en 1943 et 1944. Au total, on répertorie seulement 23 saxophone avec clés de Fa dièse aigu produits durant la guerre, et il n'en existerait plus que deux à ce jour. Si vous en avez un ou si vous en connaissez l'existence, n'hésitez pas à me contacter.

Clé Fa dièse aigu

Ce qui est intéressant au sujet de cet instrument c'est que la clé de Fa dièse n'est pas à son emplacement habituel. Elle se trouve en effet du côté droit et au-dessus de la moitié supérieure de la clé de Mi de côté. Ce n'est pas un emplacement optimal pour cette clé, et peu après la guerre, elle est revenue à sa position habituelle juste au-dessus de la clé de Fa dièse aigu. Mais voilà quand cela a commencé : pendant la guerre.

À la fin de la production du Balanced Action, au milieu de l'année 1947, la production totale de Balanced Action s'élevait à 12 000 exemplaires, environ 8 000 altos, 4 000 ténors et seulement quelques centaines de barytons et sopranos. Pratiquement aucun sopranino. Pas de basse. C'était une époque où la production était centrée entièrement sur les altos, ce qui est logique compte tenu d'une capacité réduite
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