« En Fanfare » : coup de projecteur sur les Harmonies municipales du Nord
Trois ans après "Un triomphe", Emmanuel Courcol présente son nouveau film "En fanfare" en sélection officielle au Festival de Cannes 2024. Une belle occasion de rendre hommage aux musiciens amateurs qui contribuent activement au développement de la pratique instrumentale sur l'ensemble des territoires.
Dialogue entre un chef d’orchestre renommé et une Harmonie Municipale
Dans ce troisième long métrage (après Cessez-le-feu en 2016 et Un triomphe en 2021), Emmanuel Courcol continue d’explorer les thèmes du déterminisme social et de la résilience, tout en mettant en lumière la puissance unificatrice de la musique.
Il nous présente d’abord Thibaut (Benjamin Lavernhe), un chef d’orchestre de renommée internationale. Atteint d’une leucémie nécessitant une greffe de moelle osseuse, il découvre à la faveur d’un test ADN qu’il a été adopté, mais aussi qu’il a un frère biologique, Jimmy (Pierre Lottin), employé de cantine scolaire et tromboniste dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…
L’Harmonie des mineurs de Lallaing au festival de Cannes
Le festival de Cannes a déroulé son tapis rouge aux membres de L'Harmonie Municipale des Mineurs de Lallaing (Nord), qui jouent leurs propres rôles dans le film.
« Le fait que la fanfare soit en partie la vraie fanfare de Lallaing, donne quelque chose de très authentique » souligne l'acteur Benjamin Lavernhe. « Ce sont des personnalités très riches donc ça fait une galerie de seconds rôles auxquels on s’attache immédiatement. On l’a vu pendant la projection : les gens aiment les personnages au bout de cinq minutes, il y a une empathie immédiate et ça c’est le talent du casting ».
À l’issue de la projection, les musiciens ont interprété Emmenez-moi de Charles Aznavour sous les applaudissements du public, une scène unique à Cannes.
« J’avais découvert, à l’occasion d’un projet très ancien, l’univers des fanfares à Tourcoing, ça m’avait beaucoup marqué. J’avais été très touché par tous ces gens qui se réunissaient pour faire de la musique ensemble sans prétention et avec beaucoup de chaleur humaine. J’ai choisi le Nord parce que c’est une terre de fanfare et d’harmonie, c’est là où il y a la plus grande densité de formations, d’orchestres amateurs. J’ai choisi le Nord et en même temps je n’ai pas voulu faire un film régionaliste, ça aurait pu se passer ailleurs. Les personnages sont enracinés dans les réalités du Nord mais nous ressemblent à tous, ce sont les mêmes enjeux, les mêmes émotions. Et j’ai fui tout ce qui pouvait être caricatures et clichés. » - Emmanuel Courcol |
Le film, pétri de simplicité et d'humanité, n’élude pas la violence sociale et les rapports de force entre les deux mondes qu’il souhaite faire dialoguer, mais il montre avec optimisme que la musique peut être un trait d’union et qu’il existe parfois un chemin collectif vers la beauté…
► Le site de l'Harmonie des Mineurs de Lallaing
► En savoir plus sur le film