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[Concours Jeunes] Rencontre avec Jérôme Laran, Président de l’A.Sax

[Concours Jeunes] Rencontre avec Jérôme Laran, Président de l’A.Sax
Le mois dernier a eu lieu la finale du Premier Concours National d’Interprétation pour jeunes saxophonistes, organisé par l’A.Sax. Nous avons interrogé Jérôme Laran sur ce concours et la mission de l’association dont il est le président...

Comment est née l'A.Sax ?

« L'Association des Saxophonistes est née en 1997 suite à la fusion de deux associations déjà existantes : l'Association des Saxophonistes de France (AsSaFra) et l'Association internationale Pour l'Essor du Saxophone (A.P.E.S).

L'AsSaFra, fondée en novembre 1971 sous l'initiative de Jean-Marie Londeix, est la première association d'instrumentistes formée dans le monde. Sa création est liée à l'organisation des Congrès Mondiaux de Saxophone et fait suite, plus particulièrement, à la tenue du «2nd World Saxophone Congress» à Chicago en décembre 1970. Elle rassemble une grande partie des personnalités incontournables du saxophone français (dont le président d'honneur Marcel Mule) et se fixe pour but la «Promotion et Défense du saxophone». On retrouve également parmi ses objectifs de favoriser l'enseignement de l'instrument par des spécialistes, mais aussi d'intégrer le saxophone aux orchestres, d'élargir le répertoire… Cette association a clairement participé au changement de la situation du saxophone dans le dernier quart du XXe siècle.

L'Association Internationale pour l'Essor du Saxophone a été créée en 1983 par Serge Bichon. Comme son aînée, l'A.P.E.S publie deux revues par an, et participe à l'organisation de concours (Aix-les-Bains, de Gap, concours national de quatuors de Granges-lès-Valence et concours de composition Bernard Vandoren), commande de nouvelles œuvres… Une attention particulière est donnée au maillage territorial tout en développant les activités à destination des jeunes saxophonistes en particulier. Présidée par Paul Pareille puis par Claude Delangle, l'A.P.E.S développe ses activités par l'intermédiaire de Philippe Lecocq et Roland Pierry notamment. Pendant treize ans les deux associations historiques ont cohabité jusqu'à un rapprochement pour des projets communs. Le 30 novembre 1996, les deux associations APES et AsSaFra fusionnent avec la création de l'Association des Saxophonistes (A.Sax) que nous connaissons de nos jours.

Depuis sa création, l'A.Sax à réalisé un travail important avec, notamment, la parution de nombreuses publications dont les «Cahiers du Saxophone», la réalisation de plusieurs CDs, l'organisation d'événements… Claude Delangle, Serge Bertocchi, Jean-Louis Delage et Claude Georgel se sont succédé à la présidence.»

 

Qu'est-ce qui vous à décidé à devenir Président de l'association ?

Jerome Laran

« Quand j'étais jeune, j'ai eu la chance de pouvoir compter sur des professeurs investis et passionnés, qui n'hésitaient pas à utiliser leur véhicule personnel le week-end pour nous emmener passer des concours voire même participer à des master-class à Paris. C'est quelque chose qui m'a beaucoup marqué et que je désirais transmettre un jour à mon tour… Pas toujours évident en région parisienne !

J'ai longuement réfléchi avant d'envisager présenter ma candidature à la présidence tant j'imaginais l'ampleur de la tâche et la quantité de travail considérable que cela représenterait… J'ai finalement accepté en me fixant sur un nouveau projet : insuffler une dynamique nouvelle et favoriser la jeunesse et le futur du saxophone français !

Pour cela, il me semblait fondamental de recréer du lien entre les différents professeurs et écoles, favoriser la mise en place d'un réseau sur l'ensemble du territoire par le biais des différents acteurs régionaux, la création et la mise à jour quasi quotidienne d'un site internet…

C'est ce que nous avons tenté de mettre en place durant les semaines qui ont précédé le concours : nombreuses heures de réunions en Visio-conférences (contexte sanitaire oblige) tout d'abord au sein du bureau, puis avec de nombreux collègues en région… Il s'agit de redonner du sens à l'engagement associatif et se retrouver autour d'un objectif commun: la pédagogie de l'instrument. Je remercie d'ailleurs les organisateurs régionaux de ce concours : Yves Tanguy et Frédéric Basquin (Chéreng), Johann Epenoy (Lorient), Valérie Coustou (Carcassonne), Francis Barrero (Ch teauroux), Virginie Fontaine-Bouin (Calais), Safia Azzoug (St-étienne), Jean-Louis Delage (Saint-Nom-La Bretêche), Eric Lenormand (Bayonne) et Laurent Blanchard (Dôle).


Congrès National © Tous droits réservés A.Sax

L'organisation du Congrès National qui s'est tenu à Calais fin octobre 2019 a été, sans doute, un élément fédérateur et déclencheur d'un souffle nouveau au sein de notre association. Notre équipe qui s'est peu à peu étoffée au fil du temps représente, je l'espère, la pluralité des différentes sensibilités du saxophone dans notre pays. Le bureau est désormais composé de Florence Lecocq et Stéphane Sordet (vice-présidents), Virginie Fontaine-Bouin et Olympia Gailing (secrétaires) et Yves Hamonic (trésorier) ».

 

Pourquoi avoir mis en place ce concours pour jeunes saxophonistes?

« L'idée était d'organiser un concours de saxophone pour nos jeunes élèves (pour les deux premiers cycles de conservatoire exclusivement) au sein de l'A.Sax dans la lignée des concours d'antan comme ceux d'Aix-Les-Bains ou de Gap notamment.

Nous avons finalement opté pour un concours qui s'est déroulé en trois temps :

- Concours de composition en octobre afin de sélectionner le répertoire ;
- Sélections en région (de janvier à mars) ;
- Finale en région parisienne mi-mars.

Originaire d'un tout petit village dans les Hautes-Pyrénées, j'ai eu la chance de faire partie d'une génération qui, traditionnellement, s'inscrivait dans un parcours tout tracé: obtention du prix d'instrument en C.R.R ou C.R.D, entrée au C.N.S.M.D.P, obtention du Certificat d'Aptitude… Ce parcours est loin d'être évident de nos jours !

Notre concours s'inscrit donc dans cette démarche de promotion des jeunes talents, mais il se veut également le reflet de la diversité de l'enseignement du saxophone au sein de nos classes. De nombreux enfants n'embrasseront probablement pas le métier de musicien mais nous désirons leur donner un but tout en leur permettant de se développer par le biais de la pratique d'un instrument de musique.

Lors de la finale, l'ensemble des vingt-six candidats étaient extrêmement bien préparés (cf. site internet www.asax.fr et pages dédiées au concours). Ce concours les a vraiment remotivés après quasiment une année sans prestation publique…»

 

L'organisation d'un concours cette année a dû être un beau challenge?

« Absolument ! Les incertitudes ont été constantes depuis plus d'une année. Nous avons tout de même réussi, sur les neuf centres de sélection, à organiser huit sessions en «live »… un petit exploit ! Mais jusqu'à la veille de la finale, nous ne savions pas si celle-ci pourrait se dérouler normalement. Tout s'est finalement bien passé pour le plaisir de tous et toutes !

Je dois remercier tout particulièrement Jean-Louis Delage (directeur du conservatoire de Saint-Nom-La-Bretèche) pour sa confiance et l'organisation parfaite de la finale dans le contexte sanitaire que nous connaissons. Sans oublier bien entendu, Gilles Studnia, maire de Saint-Nom-La-Bretèche, et l'ensemble des professeurs et directeurs de structures qui nous ont accueillis sur l'ensemble du territoire.


© Tous droits réservés A.Sax - Photo : Stéphane Sordet

Le contexte économique très tendu pour l'ensemble de notre secteur a également représenté une source majeure d'inquiétude. Toutes ces difficultés ont soudé notre équipe, et je ne compte plus le nombre d'heures de réunion, SMS…que nous avons échangés. Tout cela sur la base du bénévolat, bien entendu. Aucun membre du jury n'étant rémunéré, c'est l'esprit associatif dans ce qu'il a de plus altruiste qui a prévalu !

Un très grand merci à l'ensemble de nos partenaires sans qui tout cela n'aurait pu exister ! Henri SELMER Paris nous a fait l'honneur d'offrir un saxophone ténor Axos, fraîchement lancé, pour le Premier Prix de la catégorie «Fin de deuxième cycle».


© Tous droits réservés A.Sax - Photo : Stéphane Sordet

Les trois œuvres sélectionnées s'inscrivent dans une dynamique de renouvellement du répertoire pédagogique du saxophone. Ces pièces ont déjà été adoptées par plusieurs structures et il semblerait qu'un concours international en Italie soit même intéressé pour les reprendre lors de la prochaine édition en 2022.»

 

Qu'avez-vous pensé de cette première édition?

« C'était très fort, c'était le premier événement en réel depuis bien longtemps ! Il y a donc eu beaucoup de joie et d'émotion à se retrouver et à partager tous ces moments par l'intermédiaire de la musique jouée par tous ces jeunes musiciens.

Le plus impressionnant, sans doute, est la dynamique positive que le concours a enclenchée. Voici un petit exemple marquant : un jeune, auréolé d'un très beau prix en finale, a retrouvé un regain de motivation et aurait même décidé de s'inscrire en section «musique» au lycée ! Espérons que cette belle dynamique se poursuivra au fil des mois à venir pour l'ensemble de nos élèves !

Des vocations se sont révélées et nous en sommes très heureux ! »

Y a-t-il d'autres concours prévus?

« J'aimerais que ce concours puisse se pérenniser au fil du temps afin de permettre à nos jeunes d'acquérir de l'expérience ô combien nécessaire pour se perfectionner en tant que musicien. Nous continuerons de nous appuyer, bien entendu, sur les différents acteurs au sein des régions afin de développer notre réseau sur l'ensemble du territoire. À plus long terme, j'espère qu'il donnera l'envie à certains lauréats de se présenter un jour dans les grandes manifestations internationales comme le Andorra Sax Fest ou le Concours International Adolphe Sax de Dinant à l'avenir…

Nous sommes d'ores et déjà en cours de préparation de l'édition 2022 ! Nous garderons, bien entendu, la même philosophie et espérons être en mesure d'organiser une finale avec plusieurs orchestres d'harmonie. D'ici là, nous poursuivrons nos actions sur l'ensemble du territoire tout en continuant à soutenir la pratique du saxophone en France !

L'Association des Saxophonistes ne vit que par les adhésions, merci à tous ceux qui soutiennent, font et feront vivre l'association !

Merci à tous pour votre soutien à l'A.Sax ! »

 

Propos recueillis par Henri SELMER Paris le 17/03/2021
Crédit photo : © Stéphane Sordet - Crédit vidéo :© Vandoren


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