Le saxophone dans la musique classique
Un accueil mitigé
En 1846, le facteur belge Adolphe Sax fait breveter un nouvel instrument, le saxophone, qu’il a mis au point quelques années auparavant. À cette époque, la composition de l’orchestre symphonique est cependant déjà fermement établie, et l'on argue que le timbre du saxophone ne se marie pas de manière homogène et naturelle avec le reste de l’orchestre.
Pourtant, le saxophone séduit et inspire les compositeurs. En 1842, Hector Berlioz écrit le dans le Journal des Débats : « Je ne connais pas un instrument actuellement en usage qui puisse […] lui être comparé. C’est plein, moelleux, vibrant, d’une force énorme, et susceptible d’être adouci ». Le compositeur écrira même la première œuvre intégrant un saxophone : le Chant Sacré pour sextuor à vent.
Par ailleurs, grâce à sa souplesse et sa sonorité proche de la voix, l’instrument trouve sa place dans la musique militaire et la musique populaire.
Mais lorsqu’Adolphe Sax s’installe à Paris, dès l’automne 1842, il comprend qu’il n’est pas le bienvenu. Le petit monde de la facture instrumentale parisienne est un cercle relativement fermé, et l’arrivée de cet inventeur belge débordant d’ambition n’est pas vue d’un bon œil.
Diffamation dans la presse, contestation de brevets, contrefaçon d’instruments, propagande auprès des musiciens : rien n'arrête les rivaux d’Adolphe Sax, et les compositeurs finissent par délaisser l’instrument.
Les chefs d’œuvre classiques
En 1871, le tournant s’opère : Georges Bizet compose L’Arlésienne, première composition avec saxophone d'une œuvre purement orchestrale. En vérité, plusieurs opéras montés auparavant à Paris avaient inclus le saxophone, mais cela était lié au soutien monarchique dont bénéficiait Adolphe Sax. Cette fois, le compositeur n’a subi aucune pression et souhaite simplement intégrer la sonorité du saxophone à son œuvre. Cela inspirera d'autres grands noms de la musique classique…
On peut noter, entre autres, le mouvement Il Vecchio Castello (Tableaux d’une exposition) de Moussorgski orchestré par Maurice Ravel en 1922, la première Danse Symphonique de Rachmaninov (1940), ou encore l’Opus 109 de Glazunov (1934) qui reste aujourd’hui encore l'un des plus célèbres concertos pour saxophone.
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