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The Sound and me #12 avec Vincent Lê Quang

The Sound and me #12 avec Vincent Lê Quang
Compositeur, improvisateur et professeur au CNSM de Paris, le saxophoniste Vincent Lê Quang nous parle de son rapport au son et la façon dont celui-ci a évolué dans le temps.


Un appétit pour le son

Autant que je peux m'en souvenir, depuis mon plus jeune âge, j'ai eu toujours un appétit très grand pour le son, pour toutes sortes de sons. Je crois qu'avant même de savoir parler, je mettais des disques noirs sur un petit tourne disque d'enfant et j'ai passé des heures à écouter toutes sortes de musiques, d'histoires. Et je pense qu'avant même de dire que j'aimais telle musique ou telle histoire, je crois que j'aimais le son, le son des haut parleurs, de toutes sortes de bruits de clés, de toutes sortes de bruits de casseroles.

Une diversité de sons

Aujourd'hui, ma recherche sonore est liée à ce goût pour une diversité de sons, et le saxophone en particulier est un instrument que j'aime voir comme ayant une palette très large, du point de vue des sonorités, des attaques, des couleurs, des timbres. Et dans ma recherche d'expression musicale, je crois qu'avant la recherche de ce qui serait un beau son, il y a la recherche d'une diversité de sons pour pouvoir m'exprimer sous plusieurs formes.

Quand on est saxophoniste de jazz et qu'on parle de son son, on parle souvent de quelque chose qui est beaucoup plus complexe que, simplement, un certain rapport spectral des harmoniques entre elles. On parle aussi, évidemment, d'une façon particulière d'attaquer, de "déchirer le silence" comme le dit Jean-Louis Chautemps. Et on parle aussi, évidemment, du discours. La façon qu'on a d'agencer les notes les unes derrière les autres, les sons les uns derrière les autres. Et je crois que cet agencement, pour ma part, je le recherche toujours dans un souci de diversité.

L'effort musical

Il y a encore une dizaine d'années, mon travail du son était vraiment dans l'idée d'obtenir un résultat, d'obtenir une pâte sonore dont je n'aurais plus à me soucier après, pour pouvoir me soucier de la musique en tant que telle.

Au contraire, maintenant, je l'intègre complètement à l'effort musical. Ce n'est pas quelque chose d'acquis, ce n'est jamais quelque chose d'acquis. C'est quelque chose qui doit être pensé au moment de faire la musique. Au moment de jouer dans le moment du concert, une de mes grandes préoccupations est aussi celle de d'entrer dans un contact le plus direct et le plus intime possible aussi avec ceux qui écoutent. La musique est un moyen de contact formidable, on est comme des espèces d'araignées qui tissons des fils, sauf que ces fils-là sont invisibles, c'est par le biais du son qu'ils vont pénétrer le fort intérieur des gens qui nous écoutent. Et c'est aussi une des choses que je cherche à faire : trouver une forme d'incandescence dans ce contact, qui est pourtant un contact sans toucher, par le biais du son.

 

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