Maison SELMER

Henri SELMER Paris : 135 ans d'histoire et de musique

Henri SELMER Paris : 135 ans d'histoire et de musique
Découvrez la riche histoire de Henri SELMER Paris, une entreprise familiale créée en 1885... Première partie : de 1885 à 1940.

Sorti du Conservatoire de Paris en 1878 à l'âge de 22 ans, Henri Selmer intègre la musique de la Garde Républicaine où il obtient une place de soliste. Il poursuit sa carrière de clarinettiste solo au sein des orchestres Lamoureux et de l'Opéra de Paris.

Parallèlement, il développe un savoir-faire reconnu dans le retablage des becs et la retouche des anches, et c'est en 1885 qu'Henri Selmer crée l'entreprise en commençant par la fabrication d'anches et de becs. Il s'installe à Montmartre, au numéro 4 de la Place Dancourt, où un souffle de créativité attire des artistes du monde entier.

À cette époque, Alexandre, son frère cadet également clarinettiste, part aux États-Unis, où il intègrera différents orchestres, dont ceux de Boston et de Philadelphie. Il jouera notamment sous la direction de Gustav Mahler, en tant que Première clarinette à l'Orchestre philharmonique de New-York.

En 1898, Henri Selmer entreprend la fabrication de sa première clarinette et participe, seulement 6 ans plus tard, à l'Exposition Universelle de Saint Louis aux États-Unis. Les qualités acoustiques et la parfaite facture de ses clarinettes sont récompensées par une médaille d'Or.

Ce succès grandissant conduit à l'ouverture d'une boutique dans la 86ème rue à Manhattan, où sont vendus les instruments qu'Henri fabrique en France. En 1905 avant de rembarquer pour la France, Alexandre confie cette boutique à l'un de ses meilleurs élèves: George Bundy. Cette structure, aujourd'hui devenue Conn-Selmer, distribue la marque Henri SELMER Paris aux États-Unis et au Canada.

Dans le catalogue de 1910, la quasi-totalité de la famille des clarinettes est proposée et, désormais, une vingtaine d'ouvriers et d'apprentis en assurent la fabrication.

L'expansion continue et, en 1919, l'usine de Mantes-la-Ville est inaugurée et Maurice Selmer, le fils d'Henri, rejoint la société. La direction technique est assurée par Maurice et Henri Lefèvre, tous deux gendres d'Henri Selmer.

Le très jeune instrument qu'est à l'époque le saxophone, connaît une extraordinaire frénésie populaire aux états-Unis. De 1915 à 1930: c'est la «saxophone craze». C'est donc naturellement qu'Henri SELMER Paris s'y intéresse et propose son premier saxophone en 1922. Des améliorations inédites sont apportées au procédé de fabrication, notamment l'étirage des cheminées, technique aujourd'hui reprise par les fabricants du monde entier. À cette époque, 50 personnes travaillent à l'usine et produisent 30 saxophones par mois.

En 1926 apparaît l'actuel logo "Henri SELMER Paris" avec sa couronne de lauriers. Il est toujours gravé sur chaque instrument, chaque bec et chaque anche, garantissant la marque originale Henri SELMER Paris.

Cette belle époque voit également la sortie de la clarinette métal et le Grand Prix obtenu à l'Exposition Internationale de Genève, pour l'ensemble de la production la société. La gamme s'est élargie alors à l'ensemble de la famille des bois, comme en témoigne le catalogue de 1928.

En 1929, Henri Selmer rachète les ateliers Adolphe Sax, également situés à Montmartre, au 84 rue Myrha. Il devient ainsi le successeur de l'inventeur du saxophone et en intègre le personnel et son savoir-faire. La famille des cuivres trouve également naturellement sa place dans le catalogue Selmer Paris.

L'entreprise poursuit sa croissance. Ce sont désormais 175 personnes qui fabriquent 300 instruments par mois. La renommée de la marque se confirme: 80% de la production sont exportés en Europe, aux états-Unis, en Asie et en Amérique du Sud.

Un vent de diversification souffle sur Henri SELMER Paris pendant les trois années qui vont suivre.

En 1932, s'associant avec le luthier Mario Maccaferri, la maison Selmer se lance dans l'aventure des guitares. Présentant des concepts ingénieux et de fabrication réputée complexe, ces guitares furent produites pendant 20 ans dans les ateliers de Mantes. Django Reinhardt en a fait sa guitare de prédilection et l'a rendue populaire jusqu'à nos jours dans le monde entier.

Un an plus tard, la trompette modèle ‘Balanced', avec son bloc pistons déporté, est mise sur le devant de la scène. Ce n'est autre que «le roi du jazz», Louis Armstrong, qui en sera l'ambassadeur. Satchmo était un inconditionnel de cette trompette. Il la nomme dans l'enregistrement de Laughin Louie : «my little Selmer trumpet, bless her little heart…».

La société complète ses activités avec l'édition de partitions. Et c'est Maurice Selmer, le fils d'Henri, qui va diriger les Editions Selmer, créées en 1934. Après une interruption, elles revoient le jour en 2015 avec un nouveau catalogue.

Après la Grande Dépression aux états-Unis, l'enthousiasme revient petit à petit et cela se ressent dans la musique, comme en témoigne l'émission radiophonique quotidienne Let's dance, animée par Benny Goodman.

Dans les années 1930 et 1940 on découvre les Big Bands, et le swing fait irruption avec beaucoup d'énergie, représenté par Duke Ellington et ses saxophonistes et clarinettistes Ben Webster, John Hodges, Paul Gonsalves, Russell Procope. Sans oublier Count Basie avec Lester Young et Jimmy Dorsey dont un modèle de saxophone SELMER, fabriqué en très petites quantités, portera le nom. À l'époque, le swing ira jusqu'à représenter 60% de l'industrie du disque.

À son arrivée en Europe, le 30 mars 1934, Coleman Hawkins se voit offrir un Ténor par Henri SELMER Paris. «The Hawk» tombera amoureux des saxophones aux lauriers et il leur restera fidèle à partir de ce moment. Sa tournée de 5 ans en Europe est couronnée de succès et lorsqu'il rentre aux états-Unis, il grave, avec une créativité et une audace encore jamais entendues, un standard qui le révèlera comme le «père du ténor»: Body and Soul.

Ces années restent associées à l'une des plus grandes icônes du Jazz, le mythique Charlie Parker, auquel SHenri ELMER Paris rend hommage à partir de 2005, avec les 5 collections «Tribute to Bird».

De son côté, en 1936, Henri Lefèvre, gendre d'Henri Selmer et directeur de la production, révolutionne la facture moderne du saxophone en mettant au point le ‘Balanced Action'. Ses caractéristiques principales résident dans son équilibre mécanique parfait — inégalé et imité aujourd'hui encore par les fabricants du monde entier —, et les progrès réalisés sur l'intonation et un confort de jeu incomparable.

 

► à suivre...